« [...] c'était le meilleur homme du monde ; il faisait crédit à tout le Parnasse ; et quand on n'avait point d'argent, il était trop payé, trop satisfait et trop content quand seulement d'un petit coup d'oeil on daignait applaudir à ses ouvrages »

vendredi 20 janvier 2012

Santons - Fèves de la galette des rois

   

Le gâteau des rois
Le gâteau des rois, ou gâteau à fève, trouva son origine très tôt. "Lorsque l'église fut fondée, écrit Monique Joannes, elle reçut pour mission d'évangéliser tous les peuples de la Terre. Très vite, elle se rendit compte que, pour entretenir la foi des hommes il fallait qu'elle leur rappelle périodiquement son existence. À l'instar des religions anciennes, elle comprit qu'elle devait commémorer, fêter, les événements marquants de son histoire et créer une tradition à l'épreuve du temps. Or, la plupart des fêtes existaient déjà. Il lui resta donc à les assimiler et à les adapter à ses dogmes." Ce fut dans cette perspective que l'on instaura l'Épiphanie (qui signifie en grec apparition, ou manifestation) commémorant la visite des rois mages venus adorer l'enfant Jésus. Prenant exemple sur Rome, l'Église française persista avec l'idée païenne d'élire un roi éphémère au moyen d'une fève et, au fil du temps, cette fête chrétienne devint une coutume populaire. Durant tout le Moyen Âge, la tradition voulait que chaque corporation se choisisse un roi la veille de l'Épiphanie, appelé à régner toute l'année.
À l'origine, c'était une fève légume qui était cachée dans du pain pour que soit élu le roi d'un jour. Progressivement, le pain fut remplacé par la galette. S'il en existait plusieurs recettes, la plus courante - car la moins onéreuse - était celle du gâteau-feuille, c'est-à-dire feuilleté, cité dans la charte de l'évêque Robert. Quant à la tradition qui accompagne la coupe de la galette, Pasquier donna les détails suivants : "Le gâteau est coupé en autant de parts qu'il y a de convives, on met un petit enfant sous la table, lequel le Maître interroge sous le nom de Phoebus ou Apollon. À cet interrogatoire, l'enfant répond d'un mot latin, "domine". Sur cela, le Maître l'adjure de dire à qui il distribuera la portion du gâteau qu'il tient en sa main ; l'enfant le nomme ainsi qu'il tombe en sa pensée, sans acception de la dignité des personnes, jusqu'à ce que la part soit donnée où est la fève ; celui qui l'a est réputé roi de la compagnie, encore qu'il soit moindre en autorité." Pasquier ajoute que cette coutume était un vestige de l'ancien paganisme, un souvenir de la lointaine fête romaine des Saturnales, célébrée fin décembre ou début janvier. Ainsi, "[...] les maîtres dépouillaient leur grandeur et les serviteurs leur bassesse, voire même commandaient à leurs maîtres, si le sort de la fève s'était porté sur eux". On ne peut constater que les chrétiens n'exclurent pas de suite l'invocation des divinités romaines, même si la fête des rois fut instituée par l'église pour faire barrage aux traditions païennes.
"Mais les gâteaux à la fève, dit le Grand d'Aussy, n'étaient pas affectés exclusivement à la seule fête des rois. On en faisait de tels dans les autres jours de l'année où l'on voulait procurer au repas de la joie et de la gaieté." La galette des rois en effet n'était pas vouée à la seule Épiphanie, mais préparée pour célébrer petits événements et moments de bonheur. Un poète du XIIIe siècle nous a laissé une trace écrite allant dans le même sens, décrivant une jolie journée passée avec des amis chez un seigneur riche et généreux. la dame châtelaine leur aurait pétri un gastel à fève pour le souper, afin de clore en beauté ces instants partagés.
Sender, S.G., et Marcel Derrien (2003). "le gâteau des rois", La grande histoire de la pâtisserie-confiserie française, Genève, Éditions Minerva, p.46-47.


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